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Les 2 infinis
21 juillet 2011

Théories hypothétiques

La difficulté dans tout cela, c'est le vaste champ laissé à l'interpretation. Imaginez-vous debout dans un champ la nuit, essayant de décider à quelle distance se trouvent deux lumières éloignées. En vous aidant d'outils assez simples de l'astronomie, vous pouvez déterminer que les ampoules sont d'une luminosité égale et que l'une est par exemple moitié plus proche que l'autre. Mais ce que vous ne pouvez pas établir avec certitude, c'est si la lumiere la plus proche est une ampoule de 58 watts située à 4,002 km, ou une ampoule de 61 watts brillant a 4,1 km. De surcroît, vous devez prendre en compte les distortions dues aux variations de l'atmosphère terrestre, à la poussière intergalactique qui contamine la lumière des étoiles situées au premier plan, et à bien d'autres facteurs. Vos calculs s'appuient donc fatale­ment sur une cascade d'hypothèses dont chacune peut être source de differend. En outre, l'accès aux téle­scopes vaut toujours de l'or, et mesurer le décalage vers le rouge a coûté au cours de l'Histoire une petite fortune : en effet, il faut parfois toute une nuit pour obtenir une seule observation. Les astronomes sont donc souvent tentés de fonder leurs conclusions sur des preuves qui brillent surtout par leur rareté. La cosmo­logie, comme l'a dit le journaliste Geoffrey Carr, est « une montagne de théories bâtie sur une taupinière de preuves ». Ou comme l'a dit Martin Reeves: « Notre satisfaction actuelle [sur l'état de notre compréhension] tient peut-être plus à la rareté des données qu'à l'excel­lence de la théorie. »

Bill Bryson "Une histoire de tout, ou presque..." (Petite bibliothèque Payot)

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20 juillet 2011

Le vide et la Kabbale

Des lettres taillées dans le vide
Tsimtsoum. . .

Au commencement était le vide...
Les maitres du Talmud enseignent que les lettres des dix commandements n'étaient pas écrites sur les pierres, mais gravées, et pas seulement gravées, mais qu'elles traversaient la pierre de part en part.
II est ainsi passionnant de constater que la matière qui constitue l'écriture de la Loi et de la révélation est Ie vide!
Les lettres des dix commandements sont faites "en vide", comme on dirait "en marbre" ou "en bois': La matière même de l'écriture est une non-matière.
Surprenant !

(...)

Le vide fécond
Cette idée du vide entre les lettres qui construit le sens est une idée qui se retrouve dans d'autres cultures, notamment dans la pensée et l'art chinois.
Lao-Tseu enseigne dans Ie onzième chapitre du Tao (trad. F. Huang et P. Leyris) :
Bien que trente rayons convergent au moyeu
C'est Ie vide médian
Qui fait marcher Ie char
L'argile est employée a façonner des vases
Mais c'est du vide interne
Que dépend leur usage
II n'est chambre où ne soient percées porte et fenêtre
Car c'est Ie vide encore

Qui permet l'habitat
L'être a des aptitudes
Que Ie non-être emploie.

La tradition japonaise insiste aussi beaucoup sur ce vide qui est en fait un des élements fondamentaux de sa culture.
II existe a Kyoto un jardin célèbre, celui du temple zen Ryoan-ji : quinze rochers se trouvent dispersés sur une surface de sable. Toutefois, quel que soit Ie lieu d'où on les regarde, on ne voit jamais que quatorze rochers à la fois. Quand Ie quinzième apparaît, Ie quatorzième disparaît, et ainsi de suite. Ce rocher invisible exprime Ie centre caché. Tout ce qui est essentiel est à la fois visible et caché. Entre Ie visible et Ie caché existe un espace vide. Cet espace vide compris entre deux choses se nomme en japonais Ie ma.
Surprenante coïncidence terminologique quand l'on sait qu'en hébreu l'essence de toute chose se nomme aussi Ie ma et désigne à la fois I'essence et la question, Ie "quoi ?" et I'homme.
Ce ma est vide, comme est vide I'espace compris entre deux atomes. Vide, et pourtant nous savons que ce vide est en fait l'expression d'une formidable énergie qui relie et associe les deux atomes, comme Ie vide de l'univers relie et contient les planètes et la galaxie.
II devient plus aisé de comprendre pourquoi ce vide apparaît comme la vraie réalité de toute chose. Michel Random, un des grands specialistes du Japon, se souvient avoir passé toute une journee avec Ie célèbre écrivain Yukio Mishima : ''Alors qu'il me faisait visiter sa maison, je notai avec surprise que tout chez lui était moderne ou du XVIIIe siècle français . "Pourquoi n'y a t-il rien de japonais chez vous ?" Et Mishima me répondit en riant : "lci seul l'invisible est japonais."

 "Mystères de la Kabbale" Marc-Alain Ouaknin, édition Assouline

1 juillet 2011

Les Terriens, radioactifs de naissance

Parmi les cendres d'étoiles consumées dont l'agglomération créa la Terre, il se trouva quelques éléments radioactifs lourds, comme l'uranium et ses semblables, mais aussi le potassium. On le rencontre dans tous les tissus vivants. Il est essentiel à la vie. Son absence conduit à des maladies graves et souvent létales.
Dans son ignorance, Dame Nature a négligé le fait qu'un centime de cette brique essentielle était radioactif et pourrait terroriser quelque écologiste anxieux. Sa vie moyenne est de 1,3 milliards, si bien que sa radioactivité subsiste de nos jours, elle est d'ailleurs aisément mesurable grâce à la sensibilité  miraculeuse des détecteurs de particules. On découvre ainsi que le corps humain d'un adulte est le siège de près de 6 000 désintégrations du potassium par seconde. Celui-ci émet surtout des électrons et des rayons gamma très énergétiques qui peuvent sortir du corps et irradier la personne innocente, et sûrement inconsciente du danger, qui partage le même lit. Les spécialistes et les citoyens qui traquent la radioactivité disent qu'elle est de 6 000 becquerels dans notre corps à cause du potassium. Bien entendu, ce n'est pas notre seule source d'irradation. Notre environnement naturel, la terre et le ciel, nous en octroie généreusement au moins vingt fois plus.
Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'une alarme stridente est désormais sonnée lorsque des détecteurs décèlent une contamination dix ou cent fois plus faible que celle due au potassium naturel. C'est un véritable fond de commerce ou un tremplin vers le pouvoir pour certains groupes. On a pu voir à la télévision des ingénieurs convaincus, des âmes soucieuses de leurs infortunés compatriotes, dirigeant un laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité (...), crier au loup à une heure de grande écoute parce qu'il s'agissait évidemment d'une nouvelle renversante, et annonçait qu'une laine de verre était radioactive et contribuer ainsi à faire chuter les actions de la puissante société industrielle (...) qui la produisait, ou bien dénoncer une innocente plage du midi de la France, près du Grau-du-Roi, dont les sables étaient radioactifs ! C'était certes vrai, mais ce sable provenait tout simplement de l'érosion des roches naturellement radioactives de massifs montagneux, transportée par les cours d'eau jusqu'à la mer. On a vu lancer des études coûteuses, se chiffrant sans doute en millions de francs, juste pour analyser les effets nocifs de l'uranium appauvri utilisé dans les obus antichars pendant la guerre du Golfe dont celui dû à la radioactivité était nul, d'évidence, car son intensité car son intensité inférieure à celle que l'on respire à quatre pattes dans l'herbe, le nez dans les fleurs des champs, en raison de l'émission  d'un gaz radioactif naturel, le radon, qui accompagne la désintégration de l'uranium présent dans toute la croûte terrestre et dans beaucoup de maisons. La dépendance à l'égard d'un préjugé idéologique peut contraindre à d'étonnants travestissements de la réalité.

Georges Charpak, Henri Broch "Devenez sorciers, devenez savants"

27 juin 2011

Unique

II existe un chemin original pour chacun

Le Baal Chern Tov fit observer:
"II n' existe pas deux personnes douées des mêmes capacités. Chaque homme devrait travailler au service de Dieu suivant ses propres talents. Si un homme essaie d'en imiter un autre, il se borne a perdre une occasion de faire le bien par son propre mérite."
Cette idée était capitale dans son enseignernent.
"Chaque personne née en ce monde, écrit Martin Buber dans le Chemin de l'homme en commentant l'enseignernent du Baal Chern Tov, représente quelque chose de nouveau, quelque chose qui n' existait pas auparavant, quelque chose d'original et d'unique. C'est le devoir de toute personne en Israel de savoir apprécier qu' elle est unique en ce monde par son caractère particulier et qu'il n'y a jamais eu quelqu'un de semblable à elle, car s'il y avait eu quelqu'un de semblable à elle, il n'y eut nul besoin pour elle d' être au monde. Chaque homme pris à part est une créature nouvelle dans le monde, et il est appelé à remplir sa particularité en ce monde. La toute première tâche de chaque homme est l'actualisation de ses possibilités uniques, sans précédent et jamais renouvelées, et non pas la répétition de quelque chose qu'un autre, fut-ce le plus grand de tous, aurait dejà accompli. C'est cette idée qu'exprime Rabbi Zousya peu avant sa mort: "Dans l'autre monde, on ne me demandera pas: "Pourquoi n'as-tu pas été Moïse ?"  On me demandera : "Pourquoi n'as-tu pas été Zousya ?"

"Mystères de la Kabbale" Marc-Alain Ouaknin, édition Assouline

26 juin 2011

Le principe anthropique

Théorie en 30 secondes
L'Univers dans lequel nous vivons est exactement comme il faut pour la vie telle que nous la connaissons. Par exemple, si la force de gravitation était un peu plus grande, les étoiles seraient plus petites; elles utiliseraient leur combustible nucléaire plus rapidement et se consumeraient avant que des formes de vie complexes comme nous­-mêmes n'aient le temps d'évoluer. Le principe anthropique affirme que l'on peut utiliser le fait de notre existence pour prédire la valeur de certaines propriétés de l'Univers, comme la force de gravitation. L'astronome Fred Hoyle est célèbre pour avoir utilisé cet argument dans les années 1950 pour prédire certaines propriétés du noyau des atomes de carbone, parce que notre forme de vie dépend du carbone, et que sans ces propriétés, le carbone ne pourrait être synthétisé au sein des étoiles, et nous n'existerions pas. La prédiction de Hoyle fut confirmée ulterieurement par des expériences. La question est alors de savoir pourquoi l'Univers, comme le bol de gruau de l'ourson dans "Boucle d'or et les Trois Ours", est parfait pour nous. Certains pensent que cela signifie que l'Univers a été conçu pour nous, tandis que d'autres pensent que cela implique l'existence d'une multitude d'univers formant un Multivers, et que la vie n'éxiste que dans les univers semblables au notre.

Paul Parsons, "3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories scientifiques", Le courrier du Livre

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26 juin 2011

Vide quantique

Il existe en physique un concept nouveau qui a fait la preuve de sa richesse opératoire : celui de vide quantique. Précisons tout de suite que le vide absolu, caractérisé par une absence totale de matière et d'énergie, n'existe pas : même le vide qui sépare les galaxies n'est pas totalement vide : il contient quelques atomes isolés et divers types de rayonnements. Qu'il soit naturel où artificiellement créé, le vide à l'état pur est une abstraction : dans la réalité, on ne parviendra pas à éliminer un champs électromagnétique résiduel qui fait le «fond» du vide. (...)
Le vide quantique est donc le théâtre d'un incessant ballet de particules, celles-ci apparaissant et disparaissant dans un temps extrêmement bref, inconcevable à l'échelle humaine.
(...)
Revenons à votre clef. La première chose dont nous sommes désormais certains, c'est que cette clé est faite de vide. Un exemple va nous permettre de mieux comprendre que l'univers entier est essentiellement composé de vide. Imaginons que notre clé grandisse, jusqu'à atteindre la taille de la Terre. A cette échelle, les atomes qui composent la clé géante auraient à peine la taille de cerises.
Mais voici quelque chose d'encore plus étonnant. Supposons que nous prenions dans la main l'un de ces atomes de la taille d'une cerise. Nous aurions beau l'examiner, même à l'aide d'un microscope, il nous serait absolument impossible d'observer le noyau, bien trop petit à une telle échelle. En fait, pour voir quelque chose, il va falloir à nouveau changer d'échelle. La cerise représentant un atome va donc grandir à nouveau pour devenir un énorme globe haut de deux cents mètres. Malgré cette taille impressionnante, le noyau de notre atome ne sera pourtant pas plus gros qu'un minuscule grain de poussière. C'est cela, le vide de l'atome.
(...)
C'est pourquoi, si tous les atomes qui composent mon corps devaient se rassembler jusqu'à se toucher, vous ne me verriez plus. D'ailleurs, personne ne pourrait plus jamais m'observer à l'oeil nu : j'aurais la taille d'une infime poussière de quelques millièmes de millimètre à peine.
(...)
Descendons une fois de plus dans l'infiniment petit, au coeur de cette fameuse matière. Supposons que nous puissions nous introduire dans le noyau de l'atome : de quoi est composé le «panorama» que nous percevrons alors? La physique nucléaire nous indique qu'à ce niveau de la matière, nous devons rencontrer des particules dites « élémentaires », dans la mesure où il n'existe rien de plus « petit » qu'elle : les quarks, les leptons et les gluons. Mais, une fois de plus, de quelle étoffe sont faites de telles particules? Quelle est la «substance» d'un photon ou d'un électron ?
(...) Ainsi, après des années de tâtonnements et d'efforts, est apparu ce que l'on appelle la «théorie» quantique relativiste des champs».
(...) Dans cette perspective, une particule n'existe pas par elle même mais uniquement à travers les effets qu'elle engendre. Cet ensemble d'effets s'appelle un «champs». Ainsi, les objets qui nous entourent ne sont autres que des ensembles de champs (champ électromagnétique, champ de gravitation, champ protonique, champs électronique) ; la réalité essentielle, fondamentale, est un ensemble de champs qui interagissent en permanence entre eux.
(...) Au sens strict, un champs n'a pas de substance autre que vibratoire.
(...) Ceci revient à dire que le "fond» de la matière est introuvable, du moins sous la forme d'une chose, d'une ultime parcelle de réalité. Nous pouvons tout au plus percevoir les effets engendré par la rencontre entre ces êtres fondamentaux, que l'on nomme particules élémentaires, au travers d'événements fugitifs, fantomatiques que nous disons être des "interactions" .
(...)
Au fond, rien de ce que nous pouvons percevoir n'est vraiment «réel», au sens que nous donnons habituellement à ce mot. D'une certaine manière, nous sommes plongés au coeur d'une illusion, qui déploie autour de nous un cortège d'apparences, de leurres que nous identifions à la réalité. Tout ce que nous croyons sur l'espace et sur le temps, tout ce que nous imaginons à propos de la localité des objets et de la causalité des événements, ce que nous pouvons penser du caractère séparable des choses existant dans l'univers, tout cela n'est qu'une immense et perpétuelle hallucination qui recouvre la réalité d'un voile opaque.
(...)
Prenons une fleur. Si je décide de la placer hors de ma vue, dans une autre pièce, elle n'en continue pas moins d'exister. C'est, en tout cas, ce que l'expérience quotidienne me permet de supposer. Or la théorie quantique nous dit tout autre chose: elle soutient que si nous observons cette fleur avec assez de finesse, c'est à dire au niveau de l'atome, sa réalité profonde et son existence sont intimement liées à la façon dont nous l'observons. (...)
On peut même aller plus loin encore pour essayer de comprendre les physiciens lorsqu'ifs affirment que le tout et la partie sont une seule et même chose. Voici un exemple frappant : celui de l'hologramme. La plupart des gens qui ont vu une image holographique (laquelle s'obtient en projetant un faisceau laser à travers la plaque sur laquelle une scène à été photographiée) ont eu l'étrange impression de contempler un objet réel en trois dimensions. On peut se déplacer autour de la projection holographique et l'observer sous des angles différents, tout comme un objet réel. Ce n'est qu'en passant la main au travers de l'objet qu'on constate qu'if n'y a rien.
Or, si vous prenez un puissant microscope pour observer l'image holographique d'une goutte d'eau,par exemple, vous allez voir les micro-organisme qui se trouvaient dans la goutte originelle.
Ce n'est pas tout. L'image holographique possède une caractéristique encore plus curieuse. Admet­tons que je prenne une photo de la Tour Eiffel. Si je déchire le négatif de ma photo en deux et que je fais développer une des deux moitiés, je n'obtiendrai, bien sûr, qu'une moitié de l'image originelle de la tout Eiffel. Or tout change avec l'image holographique. Pour aussi étrange que cela puisse paraître, si on déchire un morceau de négatif holographique pour le mettre sous un projecteur laser, on n'obtiendra pas une « partie » de l'image, mais l'image entière. Même si je déchire le négatif une dizaine de fois pour n'en garder qu'une partie minuscule, celle-ci contiendra la totalité de l'image. Gela montre de façon spectaculaire qu'il n'existe pas de correspondance univoque entre les régions (ou parties) de la scène originale et les régions de la plaque holographique, comme c'était le cas pour le négatif d'une photo habituelle. La scène tout entière a été enregistrée partout sur la plaque holographique, de sorte que chacune des « parties » de la plaque en reflète la totalité. Pour David Bohm, l'hologramme présente une analogie frappante avec l'ordre global et indivisible de l'univers.

J. Guitton, 1. et G. Bogdanoff (Dieu et la science)

23 juin 2011

La réalité n'est plus ce qu'elle était

Si l'on nous pousse dans nos derniers retranchements, nous finissons par avouer lamentablement que la réalité peut se definir par ce qui se voit, ce qui se touche, bref, ce qui nous entoure et se manifeste a nous. Le dictionnaire ne fait guère mieux en la définissant comme ce qui existe effectivement et vraiment, associant la réalite à la vérité, une autre de ces évidences si difficiles a cerner. Quant à l'etymologie (du latin res: la chose), elle nous oriente vers une association de la réalité avec la matière.
En fait, au centre de la réalité se situe le moi, le sujet pensant et sentant. L'homme placé au centre de l'univers est le siège de sensations multiples (visuelles, auditives, tactiles...) qu'il analyse avec sa conscience. La réalité serait un ensemble d'objets matériels qui apparaissent a la conscience comme séparés et distincts, présentant un certain nombre de caracteristiques (résistance a la pénétration, forme, couleur...). Ces caracteristi­ques, qui constituent l'identité de I'objet, ne sont perçues et analysées que par l'intermediaire des organes sensoriels.
La réalité suppose donc une certaine permanence dans le temps, une continuité des sensations et un consensus des êtres humains sur sa nature et ses critères. C'est ce qui explique qu'elle est si souvent associée a la vérité.

(...)

Le fondement de la réalité n'est en fait pas autre chose qu'une association des critères sensoriels et de l'interpretation que donne Ie cerveau de ces données. Que nos sens soient « trom­peurs » pour reprendre I'expression de Descartes, ou plus exactement qu'une faille puisse être décelée dans le processus de formation de la perception et de l'interpretation des données sensorielles par le cerveau, et c'est toute notre conception de la réalité qui s'effondre.
Or, precisement, certaines failles ont pu être relevées dans le complexe processus de construction de la réalité par nos sens et notre intelligence. Le réel n'est peut-être pas aussi réel qu'on se plaît à le dire, la réalité n'est plus ce qu'elle était. Il entre en elle une part non négligeable d'irréel et de mystère.

(...)

Ce que nous appelons vérité repose entièrement sur l'analyse des sensations. Nous venons de voir que la sensation à propre­ment parler est inexplicable. Il faut donc dès lors se montrer tres prudent dans la définition de la réalité. Certes, il existe « quelque chose» que nous pouvons appeler provisoirement «réalité», mais ce quelque chose est entièrement transformé et reconstruit par notre ordinateur cerebral. L'objet, ensemble de sensations, n'a plus qu'un lointain rapport avec ce qui lui a donné naissance.
La sensation (malgre certains essais de mesures plus ou moins aboutis au cours du XIXe siècle) est essentiellement subjective. Comme telle, elle est évanescente et soumise à de multiples facteurs de distorsion: la fièvre, l'absorption d'une drogue peuvent complètement alterer les sensations ordinaires. Où est le réel pour le sujet dont les facultés de perception sont modifiées?

Régis et Brigitte Dutheil "L'homme superlumineux"

22 juin 2011

Pourquoi le miroir n'inverse-t-il pas aussi les images de haut en bas ?

Tout simplement parce qu'un reflêt est une pure illusion d'optique qui n'inverse pas plus la gauche et la droite que le haut et le bas. Il faut cependant reconnaître que cette illusion est puissante car quiconque se rase ou se maquille avec la main droite devant un miroir a bel et bien l'impression de voir, en face de lui, une main gauche réaliser ces délicates opérations. Pour dissiper l'illusion, il suffit de regarder une flèche, parallèle à ce miroir, tournée vers la gauche : son image pointe dans la même direction ! Car la réalité géometrique du miroir n'est pas d'inverser l'image dans "axe de la largeur ou de la hauteur, mais... dans l'axe de la profondeur. C'est en effet seulement si on regarde une flèche qui pointe vers le miroir que l'image est inversée. D'où vient alors cette illusion persistante que le miroir inverse la droite et la gauche ? Elle est liée à notre symétrie corporelle. La moitié gauche de notre corps est en effet approximativement semblable à notre partie droite. Une particula­rité qui donne le sentiment que notre double dans le miroir est un véritable humain tourné de 180°. Nous avons beau savoir que ce corps face à nous est un être qui n'existe pas, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous comporter avec cette chimère comme si nous avions un humain en face de nous. Pourtant, c'est abusivement que nous considérons que la main qu'il lève est la gauche car ce n'est qu'une représentation mentale. Si cette illusion ne survient jamais avec Ie haut et le bas, c'est parce que notre tête et nos pieds ne sont pas les symétriques l'un de l'autre et qu'aucune ambiguite ne se pose alors à notre système de perception.

Science & Vie "200 questions de la vie, 200 réponses de la science", chez Solar

21 juin 2011

Le grand escalier

Tout ce qu'on voit est le passé, un passé très récent pour les objets qui nous entourent, mais pas toujours négligeable. Prenons l'exemple de l'heure exacte au dix millième de seconde. Durant ce bref instant la lumière parcourt trente kilomêtres; ce que vous voyez au delà de cette distance n'est plus le présent. Lorsque vous regardez une retransmission sportive à la télévision, vous la voyez avec un retard de deux dixièmes de seconde, car l'image s'envole d'abord vers un satellite géostationnaire qui plane à trente six milles kilomêtres, puis elle redescend avant de passer dans les studios. Un coureur de cent mêtres est en avance de deux mêtres sur l'image en "direct", un joueur de tennis vient de terminer son coup de raquette lorsque vous voyez son execution, un sauteur est déjà retombé lorsque vous le voyez franchir la barre des deux mêtres dix; quant au coureur automobile d'un grand prix, il est en avance de dix mêtres sur l'image télévisée. Le vrai présent se limite à quelques kilomêtres.

Paul Couteau "Le grand escalier"

21 juin 2011

Boum !

Imaginez l'orbite de la Terre comme une sorte d'autoroute sur laquelle nous sommes l'unique véhi­cule, mais qui est régulièrement traversée par des piétons qui ignorent l'usage des trottoirs. Au moins 90 % de ces piétons nous sont totalement inconnus. Nous ne savons pas où ils habitent, quels sont leurs horaires, ni à quelle fréquence ils croisent notre route. Nous savons seulement qu'à des intervalles incertains ils s'avancent sur la chaussée ou nous sommes lancés à 100000 km à l'heure. Comme le disait Steven Ostro, du Jet Propulsion Laboratory: «Supposez que vous puissiez pousser un bouton pour allumer chaque asté­roïde de plus de 10 mètres de large croisant l'orbite de la Terre : il y aurait plus de 100 millions de ces objets dans le ciel.» En bref, vous ne verriez pas quelques milliers d'étoiles scintillantes, mais des millions d'objets plus proches, « tous capables d'entrer en collision avec la Terre et se déplaçant dans le ciel selon des courbes légèrement différentes à des vitesses différentes. Ce serait profondement énervant ». Eh bien, vous pouvez vous énerver, parce que c'est là, au-dessus de nos têtes. Simplement, vous ne le voyez pas.
On estime - simple hypothèse fondée sur une extra­polation du nombre de cratères sur la Lune - qu'environ 2000 astéroïdes assez gros pour mettre en péril l'exis­tence civilisée croisent régulièrement notre orbite. Mais même un tout petit astéroïde - de la taille d'une maison, disons - pourrait detruire une ville. Ce menu fretin croi­sant l'orbite de la Terre se compte probablement en centaines de milliers, voire en millions, et il est à peu près impossible de suivre ses déplacements.
Le premier, baptisé 1991 BA, ne fut repéré qu'en 1991 alors qu'il s'était dejà éloigné de nous de 170000 km - en termes cosmiques, l'équivalent d'une balle qui traverserait votre manche sans vous toucher le bras. Deux ans plus tard, un autre asteroïde plus gros nous à manqué de 145000 km - le passage le plus proche jamais enregistré. Lui aussi ne fut repéré qu'une fois passé, et il aurait donc pu nous tomber dessus sans crier gare. D'après Timothy Ferris, ces tirs rapprochès se produisent sans doute deux ou trois fois par semaine sans qu'on les remarque.
Un téléscope terrestre ne pourrait repérer un objet d'une centaine de mètres de large avant qu'il ne soit à quelques journées de nous ; encore faudrait-il qu'il soit précisément pointé dans cette direction, ce qui est fort improbable, car ce type d'objet céleste reste très peu surveillé. On dit toujours qu'il y a moins de gens dans le monde cherchant activement des astéroïdes que de personnel dans un fast food ordinaire. (Ils sont un peu plus nombreux aujourd'hui, mais à peine.)

Bill Bryson "Une histoire de tout, ou presque..."

21 juin 2011

Le 3e souffle

Un seul être oeuvre en les six milliards d'hommes qui peuplent notre Terre-Planète. Les uns se haïssent, se détestent, se supportent, s'ignorent ou s'aiment durant leur existence qui se renouvelle sans interruption.
Pressentir, sentir, ou seulement admettre comme probable cette éventualité, c'est déjà "se mettre en route". En prendre conscience déclenche l'amorce de la transformation.

Jeanne Guesné, "le 3e souffle"

20 juin 2011

La vie est une

Quoi que soit qui ait fait naître la vie, ce n'est arrivé qu'une seule fois. C'est le fait le plus extraordinaire de  la biologie, voire de toutes nos connaissances. Tout ce qui a jamais vécu, plante ou animal, vient du même soubresaut primordial. A un moment donné d'un passé incroyablement lointain, un petit sac de produits chimiques s'est mis a gigoter. Il a absorbé quelques éléments nutritifs, a pulsé discrètement le temps de sa brève existence. Cela s'était peut-être déjà produit, et peut-être des tas de fois. Mais cette poche ancestrale a fait une chose supplementaire : elle s'est divisée et a produit un héritier. Un minuscule paquet de matériel génétique est passé d'une entité vivante à une autre, et ce processus n'a plus jamais cessé. Ce fut le moment de la création pour nous tous. Les biologistes l'appellent parfois Big Birth, la « grande naissance ».
« Où que vous alliez dans le monde, quelque plante, animal, insecte ou chose informe que vous regardiez, s'il est vivant, il utilisera le même dictionnaire et possédera le même code. La vie est une », dit Matt Ridley. Nous sommes tous le résultat d'un unique tour de magie transmis de génération en génération pendant près de 4 milliards d'années, au point que l'on peut prendre un fragment de code génétique humain, le rapiécer sur une cellule de levure défectueuse, et la cellule de levure se mettra au travail comme si c'était le sien. Et, à stricte­ment parler, c'est le sien.

Bill Bryson "Une histoire de tout, ou presque..."

15 juin 2011

L'homme superlumineux

La conscience est un tout comparable à la lumière blanche. Le passage du mur de la lumière joue sur la conscience le même rôle que joue un prisme sur la lumière blanche. Un prisme décompose la lumière en sept couleurs, le passage du mur de la lumière et l'incarnation dans le monde sous­lumineux décompose la conscience totale en personnalités multiples et en vies simultanées (qui se succèdent dans le temps du point de vue sous-lumineux).


Régis et Brigitte Dutheil "L'homme super lumineux"

14 juin 2011

Pourquoi le ciel est-il bleu ?

C'est avant tout l'atmosphère gazeuse autour de la Terre qui rend notre ciel bleu dans la journée, et non noir, comme celui que peuvent observer les astronautes. Lorsque la lumière solaire traverse le vide spatial, elle se propage en ligne droite, car rien ne vient perturber son trajet. Arrivée dans I'atmosphere, elle se heurte aux molécules d'azote (78 %), d'oxygène (21 %), de gaz carbonique et d'eau, ainsi qu'à toute sorte de par­ticules (poussières, cendres, pollens) qui la composent. Ces molécules sont agitées d'une vibration naturelle qui diffuse la lumière dans toutes les directions jusqu'à notre rétine. Mais elle n'en diffuse qu'une partie, qui dépend de la nature des molécules. Les rayons solaires visibles sont en effet des ondes électromagnetiques de longueur d'onde comprise entre 400 nanometres (nm) pour Ie violet et 700 nm pour le rouge. Or, les molé­cules de l'air diffusent mieux les longueurs d'ondes les plus courtes. Ce phénomène obéit à une loi physique, établie par Robert John Rayleigh (1875-1947) : le bleu est diffusé seize fois plus que le rouge par les particules de l'atmosphère. Théoriquement, on devrait ainsi voir le ciel en violet, de longueur d'onde encore plus courte que le bleu, mais l'oeil humain perçoit assez mal cette couleur. En outre, les particules de poussières blanches qui flottent dans I'atmosphère atténuent le violet.


Science & Vie "200 questions de la vie, 200 réponses de la science", chez Solar

14 juin 2011

Le paradoxe du chat de Schrodinger

Un chat est enfermé dans une boîte percée d'un hublot, que l'on suppose totalement isolée du reste du monde. Dans un coin de la boîte, un échantillon d'uranium radioactif et un détecteur conçu pour ne fonctionner qu'une minute. Pendant cette minute, il y a une chance sur deux pour qu'un atome d'uranium se désintègre. Quand une désintégration se produit, l'uranium éjecte un électron qui vient frapper le détecteur. Celui-ci réagit alors en actionnant un marteau qui tombe... sur une fiole de cyanure. Et le matou monte au ciel. Une des questions que posait Schrëdinger est la suivante: juste avant de regarder par le hublot, dans quel état se trouve le chat?
Si l'on suit la plupart des physiciens fondateurs de la physique quantique, le chat doit être, juste avant le coup d'oeil par le hublot, NI mort Ni vivant, À LA FOIS mort ET vivant.
Le noeud de l'affaire est dans l'échantillon d'uranium posé dans la boîte. Aucun physicien au monde ne peut vous dire QUAND aura lieu une désintégration. Dans dix secondes, une heure, cent ans? Mystère. Tout ce que la science peut faire, c'est calculer les probabilités de cet événement. Dans ce cas précis, il y a 50% de chances pour qu'n atome d'uranium se désintègre dans la minute qui suit la fermeture de la boite. Et 50% de chances qu'il ne se désintègre pas. La physique quantique affirme que ces deux possibilités se chevauchent réellement. L'atome d'uranium est un être quantique, qui vit dans deux états superposés : intact et désintégré. Ni l'un ni l'autre et les deux. En physique quantique, en effet, observer une particule - électron, proton, ou autre - la force à se choisir un état. Elle ne peut alors plus rester dans sa superposition d'états...
(... )
Le paradoxe du chat de Schrëdinger a déchaîné les passions parmi les physiciens. Car il pose un vrai problème, celui de la mesure en physique quantique. En gros, est-ce la mesure, l'observation qui décide vraiment si le chat est mort ou vivant. ? En d'autres termes, sont-ce les mesures, les observations qui décident de la réalité des choses? Alors si les humains n'existaient pas, le monde non plus n'existerait pas! Certains physiciens (une petite minorité) ont répondu oui à cette question épineuse en suggérant des solutions bizarres.
La première a été soutenue par un prix Nobel de physique, Eugène Wigner. En gros, ce ne serait pas l'appareil de mesure mais la conscience de l'observateur qui "déciderait" finalement si le chat est mort ou vivant. En regardant par le hublot, l'oeil (dans ce cas, c'est lui l'appareil de mesure) se met dans une superposition d'états. D'un côté, un état A: uranium désintégré, détecteur excité, marteau baissé, fiole cassée, chat mort. De l'autre, un état B : uranium intact, détecteur non excité, marteau levé, fiole entière, chat vivant. Le nerf optique achemine au cerveau une onde qui est aussi dans une superposition des états A et B et les cellules réceptrices du cerveau suivent le mouvement. C'est alors que la conscience, brutalement, fait cesser le double jeu, obligeant la situation à passer dans l'état A ou dans l'état B (mais attention: rien ne nous dit POURQUOI ce serait A ou B). Comment? Ca, Wigner ne le dit pas. Mais les conséquences de sa positions sont hallucinantes: rien n'existe vraiment en dehors de ce que perçoit notre conscience !

(... )
Seconde hypothèses: la conscience n'intervient pas, les deux états A et B se séparent bien lors de la mesure mais rien ne vient trancher entre eux. Résultat: ils survivent dans deux univers parallèles ! Le chat est mort dans un univers et vivant dans l'autre! Notre conscience existe dans l'état A dans le premier univers et dans l'état B dans le second. Comme nous réalisons sans cesse des actes d'observation, cela voudrait dire qu'à chaque fois, nous nous dupliquons. Il y aurait ainsi une infinité d'univers parallèles, sans possibilité de communication entre eux, où nous existerions dans une multitude d'états différents!

Science et Vie Junior n°34

chat

13 juin 2011

Voir

-Tu penses et tu parles beaucoup trop. Tu dois cesser de parler.
- Que voulez-vous dire?
- Tu parles beaucoup trop à toi même. Tu n'es pas le seul à faire ainsi. Chacun d'entre nous le fait. Nous n'arrêtons jamais ce bavardage intérieur. Penses-y. Chaque fois que tu es seul, que fais-tu ?
- Je me parles à moi même.
- De quoi te parles-tu ?
- Je n'en sais rien. De n'importe quoi sans doute.
- Je vais te dire ce que nous nous disons. Nous parlons de notre monde. En fait avec notre bavardage intérieur nous maintenons le monde.
- Comment cela?
- Chaque fois que nous finissons de nous parler, le monde est toujours tel qu'il devrait être. Nous le renouvelons, nous lui insufflons de la vie, nous le supportons de notre bavardage intérieur. Et ce n'est pas tout, nous choisissons aussi nos chemins comme nous parlons à nous-mêmes. Par conséquent, nous répétons toujours et toujours les mêmes choix jusqu'au jour où nous mourons, cela parce que nous continuons toujours et toujours à répéter le même bavardage intérieur jusqu'au jour où nous mourons. Un guerrier est conscient de cela et il s'efforce de mettre fin à son bavardage intérieur. Ce qui constitue la dernière caractéristique d'un guerrier à connaître si tu veux vivre comme un guerrier.
- Comment puis-je cesser de me parler ?
- En premier lieu tu dois faire usage de tes oreilles pour les charger d'une part du fardeau de tes yeux. Depuis le jour de notre naissance nous utilisons nos yeux pour juger le monde. Nous parlons aux autres et à nous mêmes, en termes de ce que nous avons vu. Un guerrier est conscient de cela, et il écoute le monde. Il écoute le son du monde. (...) Un guerrier est conscient que le monde changera dès qu'il cessera de parler, dit-il et il doit être préparé pour cette monumentale secousse.
- Que voulez-vous dire?
- Le monde est comme ci ou comme ça parce que nous disons qu'il est ainsi. Si nous cessons de nous dire que le monde est comme ça, le monde cessera d'être comme ça. Seulement je ne crois pas que tu sois maintenant prêt à une telle gifle, par conséquent tu dois commencer à dé-faire très lentement le monde.

Carlos Castaneda (Voir)

12 juin 2011

Voyage au coeur du chamanisme mexicain

La négation de l'inconnu est l'une des qualités intrinsèques de la culture occidentale; elle s'est d'ailleurs emparée d'une grande partie de la planète. Il n'en va pas de même avec d'autres peuples. Pour les indigènes, par exemple, l'existence de nombreux phénomènes inexplicables est une chose normale dans leur vie quotidienne. Ils sont habitués à vivre dans le mystère. Ils acceptent sans difficulté que certains faits puissent être explicables et d'autres non. Comme leur culture n'est pas fondée sur l'anthropocentrisme, l'inconnu ne les offense pas. Cette philosophie de la vie leur permets d'expérimenter la réalité explicable (tonal) et inexplicable (nagual). C'est l'inverse pour l'homme moderne. Sa confiance en lui même et son sentiment d'auto-importance résident dans l'a priori qu'il sait tout, qu'il peut tout expliquer. S'il observe un phénomène inconnu, il s'empresse de le transformer en phénomène connu; il se livre à toutes sortes d'associations mentales pour transformer l'inconnu et pouvoir affirmer en toutes circonstances: "Mais si, je connais ça ! Cela ressemble à telle ou telle chose que j'ai étudiée, connue, vue ou entendue en telle ou telle occasion..." Dans les cas extrêmes, si ce qui se présente à lui ne peut pas s'intégrer dans ce qu'il connaît déjà, il l'ignore superbement alors qu'il l'a devant les yeux et ne se rend même pas compte de ce qui lui arrive.


(... )


le problème de la plupart des religions réside dans le fait qu'elles compliquèrent tant et plus les représentations de l'Esprit, au point qu'elle les prirent pour des réalités et inventèrent Dieu. le moi et l'importance personnelle étant largement impliqué dans ce processus, Dieu finit par être l'image de l'ego de l'homme; c'est ainsi qu'on le conçoit avec des désirs, des colères, la nécessité d'être apprécié, de recevoir des éloges, etc. Parvenue à ce stade la religion incita à "croire" à toutes les histoires inventées collectivement sur Dieu et à suivre à la lettre des codes de conduite tirés de ces contes, qui coïncident, comme par hasard, avec les intérêts particuliers des minorités au pouvoir. Rien de tout cela ne s'est produit chez les anciens Toltèques, ni chez d'autres ethnies issues de la toltéquitude, qui conservent presque intacte leur religion première. C'est là le véritable chemin qui mène à l'Esprit.
le pragmatisme est un autre aspect important de la spiritualité toltèque, comme en témoigne le court entretien que j'ai eu, durant mon séjour à San Sebastian, avec don Pedro de Haro, l'un des marakames les plus puissants et respectés de la sierra wirrarika :
- Vous pensez que nous, les Indiens, sommes des idiots parce que nous croyons en de nombreuses divinités et quantité d'autres choses, n'est-ce pas? Mais notre religion, à la différence de celle des tewaris*, ne consiste pas à croire mais à "voir". Je vais te raconter ce que j'ai dit à un gringo, un de ceux qui se disent pasteurs et qui nous considèrent comme ses brebis. Il y allait si fort avec le Christ par-ci, la Bible par-là, que je lui ai dit:
"- Hum, pourquoi dites-vous tout le temps que le Christ a dit oui ou que le Christ a dit non, l'avez-vous connu?
"- Non, pas en personne.
"- Et connaissez-vous quelqu'un qui l'ait connu?
"- Ce n'est pas possible, il a vécu il y a deux mille ans...
"- Deux mille ans! Bigre! Et comment savez-vous s'il a réellement existé ou si ce ne sont que de pures inventions?
"- Parce que ses paroles sont écrites dans la Bible.
"- Ay ! Et ensuite vous venez nous dire que nous, les Indiens, sommes des crétins parce que nous croyons dans la Terre et le Soleil! Imbéciles! Imbéciles! Mais personne ne me parle de la terre, je la vois tous les jours! Et tous les jours elle me donne ses fruits: le maïs, l'eau, les haricots! Je peux la toucher, cheminer sur elle, vivre en elle! Et le Soleil...? Je reçois joue après jour sa chaleur et sa lumière. Je n'ai qu'à regarder en l'air et il est là. Et puis "le Christ qui a créé" ? Il n'a jamais rien créé que je sache; en revanche, la terre, rien qu'en jetant un coup d'oeil sur elle, je vois qu'elle produit tout le temps ! Elle nous nourrit et grâce à elle nous vivons. Alors qui sont les idiots ?"

*Métis ou blancs

Victor Sanchez "Voyage au coeur du chamanisme mexicain"

chaman

11 juin 2011

Voyage à Ixtlan

"Ici même je vais t'enseigner la première étape du pouvoir, annonça t-il comme s'il me dictait une lettre. Je vais t'enseigner comment élaborer le rêve."
Il me regarda en me demandant si j'avais compris. Ce ne pouvait être le cas. J'arrivais à peine à le suivre. Il expliqua qu'élaborer le rêve signifiait avoir un contrôle précis et pragmatique sur la situation générale d'un rêve, un contrôle exactement semblable à celui que l'on a au moment d'un choix dans le désert, par exemple grimper une colline ou demeurer dans l'ombre d'un canyon.
"II faut commencer par quelque chose de très simple, continua t-il. Cette nuit, dans tes rêves, tu regarderas tes mains."
J'éclatais de rire. Il venait de parler comme s'il s'agissait d'un acte des plus ordinaires.
"Pourquoi ris-tu ?" demanda t-il avec surprise.
- Comment puis-je regarder mes mains dans mes rêves,
- C'est très simple, concentre ton regard sur tes mains, comme ça..."
Il pencha sa tête en avant et fixa ses mains; il avait la bouche grande ouverte. Son expression était tellement comique que je ne pus m'empêcher de rire.
"Sérieusement, comment dois-je faire ?"
- Comme je te l'ai dit, répondit-il. Il est évident que tu peux, si bon te semble, regarder n'importe quoi d'autre, tes orteils, ton nombril, ou ton outil. J'ai mentionné les mains, parce que pour moi c'est la partie du corps la plus facile à voir. Ne crois pas que je plaisante. Rêver est aussi sérieux que voir ou mourir ou n'importe quoi d'autre dans ce monde effrayant et mystérieux.
(... )
"Chaque fois que dans tes rêves tu regardes quelque chose, cette chose change, dit-il après un long silence. L'astuce pour apprendre à élaborer le rêve, n'est pas, c'est évident, de simplement regarder les choses, mais de retenir leur vision Rêver est réel quand on a réussi à tout amener à devenir clair et net. Alors il n'y a plus de différence entre ce que tu fais quand tu dors et ce que tu fais quand tu ne dors pas. Comprends-tu maintenant ?"
J'avouai que même si je comprenais ce qu'il avait dit j'étais incapable d'accepter son point de départ. J'avançai l'argument que dans un monde civilisé de nombreuses personnes avaient des illusions, et ces gens ne pouvaient pas faire la différence entre ce qui se produisait dans le monde réel et dans leurs fantaisies. Ces gens étaient des malades mentaux. Par conséquent à chaque fois qu'il me recommandait d'agir comme un fou, j'étais excessivement troublé.
Mon exposé terminé, don Juan eut un geste comique, il porta ses mains à ses joues et soupira profondément.
" Laisse ton monde civilisé là où il est, dit-il. Qu'il soit ce qu'il est! Personne ne te demande de te conduire comme un fou. Je te l'ai dit, un guerrier doit être parfait de manière à négocier avec les pouvoirs qu'il chasse. Comment peux-tu concevoir un guerrier incapable de discerner une chose de l'autre? Par ailleurs, mon ami, toi qui sais ce qu'est le monde réel, tu trébucherais et mourrais en un rien de temps s'il te fallait dépendre de ta capacité à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'ai pas."

Carlos Castaneda "Le voyage à Ixtlan"

10 juin 2011

Poussières d'étoiles

Il y a de minuscules météorites dans vos cheveux
Les micrométéorites sont de minuscules particules venues de l'espace et qui ne sont visibles qu'au microscope. Elles tom­bent constamment à la surface de la Terre. Chaque fois que vous sortez, certaines vous tombent dessus. Mais sans les équipements de laboratoire et les techniques d'analyses les plus avancées, elles sont impossibles a détecter. Elles se per­dent dans la grande masse des pollens, des poussières de toutes sortes, et probablement aussi (je suis désolé de le dire) des pellicules qui se trouvent au-dessus de votre tête.

Stephen Maran et Pascal Bordé, "L'astronomie pour les nuls" 2e édition

9 juin 2011

Message des hommes vrais

Je savais que, de retour au pays, j'aurais du mal à convaincre mes compatriotes de la réalité de ce phénomène [la télépathie). Ils acceptent que les humains dans le monde soient cruels les uns pour les autres, mais répugnent à croire qu'il y a sur terre des gens qui ne sont pas racistes, vivent en harmonie parfaite en s'entraidant, découvrent leurs talents personnels, les exploitent et les honorent comme ils honorent ceux d'autrui. D'après Ooota, la raison pour laquelle le Vrai Peuple peut utiliser la télépathie est qu'il ne ment jamais, qu'il ne déforme pas la vérité, ni peu ni beaucoup. Il ignore tout du mensonge. Personne n'a rien à cacher. Dépourvus de peur, les esprits s'ouvrent pour recevoir et échanger les informations. Ooota m'expliqua comment cela fonctionnait. Un enfant de deux ans voit un autre enfant jouer avec un jouet, une pierre, par exemple, tirée par une ficelle. S'il veut s'emparer du jouet, tous les regards des adultes se tournent aussitôt vers lui et il apprend que son intention de prendre sans permission est connue de tous et jugée inacceptable. Mais de son côté l'autre enfant doit, lui, apprendre à partager et à s'exercer au non-attachement aux objets. Ayant déjà expérimenté le plaisir et enregistré le souvenir du plaisir éprouvé, cet enfant comprend que ce qu'il désire est l'émotion du plaisir procuré par l'objet et non l'objet lui même.
(... )
Le vrai peuple ne pense pas que la voix est faite pour parler: pour cela, nous avons notre centre coeurl tête. Si la voix sert à la parole, on a tendance à se livrer à des petits échanges verbaux inutiles et moins
spirituels. La voix est faite pour chanter, célébrer et pour guérir.

Marlo Morgan "Message des hommes vrais"


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