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Les 2 infinis
21 février 2012

Illuminez-vous

La voie de Bouddha était vipassana, ce qui signifie être le temoin. Bouddha a trouve la plus grande technique jamais découverte, celle d'observer sa respiration. Vous n'avez besoin que d'observer votre respiration. La respiration est un phénomene simple et naturel. De plus, elle est présente vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Vous n'avez aucun effort a faire. Pour répéter un mantra, vous devez faire un effort, vous devez vous forcer. Pour dire continuellement « Ram, ram », vous allez devoir dépenser beaucoup d'énergie et vous allez forcement l'oublier de nombreuses fois. De plus, le mot Ram est encore quelque chose qui appartient au mental et ce qui appartient au mental ne peut jamais vous amener au-delà du mental.
Bouddha aborde la chose sous un angle totalement nouveau. II vous faut juste observer votre respiration, les inspirations et les expirations.
(...)
Vous serez surpris de voir le miracle d'un tel processus dans lequelle mental ne joue aucun rôle.
L'observation n'est pas une qualité du mental, c'est une qualité de l'âme, de la conscience du soi. L'ob­servation n'est absolument pas un processus men­tal. Quand vous observez, le mental s'arrête, il cesse d'être. Oui, au départ, vous oublierez de nombreuses fois, le mental interférera et jouera encore ses vieux jeux. Mais quand vous vous rappelez que vous avez oublié, il n'y a aucun besoin de vous sentir coupable ou fautif. Revenez simplement a l'observation, obser­vez de nouveau votre respiration. Petit a petit, le mental interférera de moins en moins.
Et quand vous pourrez observer votre respiration pendant quarante-huit minutes sans arrêt, vous serez illuminé !
Vous vous dites alors : « Seulement quarante-huit minutes ? » Vous pensez que ce n'est pas si difficile... ce ne sont que quarante-huit minutes! Mais en fait, c'est très difficile. Rien qu'en quarante-huit secondes, vous êtes déjà emporté par le mental de nombreuses fois! Essayez ce petit exercice avec une montre devant vous. Au debut, vous ne pouvez pas être observateur plus de soixante secondes. En une minute, vous oublierez d'être temoin de nombreuses fois. Vous en oublierez la montre et l'exercice! Certaines idees vous empor­teront loin, bien loin. Puis, soudainement, vous réa­liserez... vous regarderez la montre et dix secondes seront passées. Pendant dix secondes, vous n'avez pas observé.
Petit a petit, cela viendra tout seul, c'est un truc a prendre. Ce n' est pas une pratique, c'est un truc à sai­sir. Progressivement, vous I'integrerez en vous. Et une fois que vous aurez goûté à ces merveilleux moments de bien-être, de joie, vous souhaiterez les retrouver de nouveau ; non pas pour un quelconque objectif... simplement pour la seule joie d'etre dans cet espace, pour être présent à la respiration.

Osho (Etre en pleine conscience - Une présence à la vie)

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19 février 2012

Méditer en marchant

La technique de méditation en marchant que je vous propose est relativement simple et d’une grande efficacité. Elle repose sur la différence entre voir (l’ensemble) et regarder (un point en particulier).
Elle consiste simplement à voir plutôt qu’à regarder. Mais il s’agit en fait d’exercer un contrôle non pas sur la vue – qui assure toujours à la fois les deux fonctions : voir et regarder – mais sur l’attention.
Cette technique consiste à élargir l’attention à l’ensemble de ce qui est perçu, donc à ce qui est vu plutôt que de la restreindre à ce qui est regardé. Autrement dit, pour employer un langage plus technique, il s’agit de dissocier l’attention de la vision restreinte assurée par la fovea centralis (et, relativement, par la macula oblongata) pour l’investir dans le champ visuel élargi, en fonction de la vision périphérique.
Je connais, pour l’avoir pratiquée, la technique inspirée du Vipassana (technique bouddhique de méditation) qui consiste, pendant la marche ralentie, à être attentif au moindre mouvement du corps. Mais j’étais à la recherche d’une technique qui permettrait, pendant la marche normale, d’apaiser le fonctionnement du mental, de favoriser la conscience du corps de même que la présence à soi.

Ce qu’il faut savoir sur la vue :
Pour l’exposé qui suit, je m’inspire des notes de cours que j’ai donnés pendant plusieurs années en communication à l’Université McGill, dont certains portaient sur la perception sensorielle.
La vision se définit à trois niveaux :
- La fovea, zone restreinte où la vision est la plus nette, mais de 3º à 4º seulement, qui permet de focaliser.
- La macula, zone où la vision est moins nette que celle de la fovea, mais de 12º à 15º en largeur et de 15º à 18º en hauteur, et de forme ovoïde.
- La vision périphérique, zone où la vision est encore moins nette, mais dont le champ est d’environ 160º à 180º.
La perception au niveau de la fovea et de la macula est assurée par les cônes qui permettent de percevoir la forme et les couleurs; alors que la perception au niveau de la vision périphérique est assurée par les bâtonnets qui permettent de percevoir le mouvement. Ce dernier point est important dans la mesure où la perception du mouvement n’est pas que visuelle mais aussi de nature spatiale, donc associée à l’expérience tactile. La vision périphérique contribue donc aussi à se percevoir dans l’environnement.
Les différents niveaux de perception visuelle font l’objet d’un collage par le cerveau, ce qui donne l’impression d’une expérience unifiée.
Comme on le voit, il s’agit d’une question complexe. Je ne vais retenir pour la suite de cet exposé que les informations démontrant la différence entre la perception visuelle assurée par la fovea (et la macula) – regarder – et celle qui est assurée par la vision périphérique – voir.
Afin de bien saisir cette différence, il est capital d’en faire soi-même l’expérience. Je vous suggère donc de constater :
    a) que la vision focalisée, assurée surtout par la fovea, est restreinte : il suffit de regarder un objet, qu’il soit proche ou éloigné, pour constater qu’on n’en perçoit avec netteté qu’une toute petite partie;
    b) et qu’il est possible de prendre conscience de la vision périphérique en élargissant le champ de l’attention des deux côtés à la fois sans bouger les yeux.

Telle est, en somme, la différence entre regarder – vision restreinte et voir – vision élargie.
Et telle est, par ailleurs, la différence au niveau de l’expérience visuelle entre l’attention active – regarder; et l’attention passive – voir.
Regarder est donc associé à l’attention active; voir, à l’attention passive.
Deux expressions, en langue anglaise, rendent particulièrement bien la différence entre l’attention active: «to be conscious of», et l’attention passive: «to be aware of».
Je viens d’en faire encore une fois l’expérience. J’ai d’abord levé les yeux pour regarder une fleur qui se trouve dans un vase sur ma table de travail; puis, sans cesser de regarder cette fleur, j’ai élargi le champ de mon attention en fonction de la vision périphérique, de façon à voir d’un côté la porte et de l’autre la fenêtre, devenant ainsi conscient – mais au sens anglais de «aware» – de la totalité du champ visuel.
Méditer en marchant consiste précisément à élargir le champ de l’attention en fonction de la vision périphérique : donc, à voir plutôt qu’à regarder, passant ainsi de l’attention active à l’attention passive.
Or, chaque fois que j’élargis ainsi le champ de l’attention, passant de l’attention active à l’attention passive, je constate :
- que l’environnement ne me paraît plus être à l’extérieur de moi, mais que je me perçois, au contraire, à l’intérieur – augmentant ainsi mon sentiment de participation;
- qu’il m’est plus facile, lorsque mon attention correspond à la vision périphérique, de prendre conscience de mon corps, de ma présence ici et maintenant, et d’être conscient de moi-même, conscient d’être;
- enfin, qu’il m’est plus facile, aussi, d’apaiser le fonctionnement du mental : dans la mesure où l’attention passive est soutenue, «ça» cesse de parler dans ma tête...
Élargir le champ de l’attention en fonction de la vision périphérique représente donc, à toutes fins utiles, une technique de méditation.

Lorsque l’expérience visuelle s’apparente à l’expérience audio-tactile
Passer de l’attention active, correspondant à la vision de la fovea, à l’attention passive, correspondant à la vision périphérique, entraîne une modification au niveau même de la perception sensorielle : l’expérience que l’on fait de l’environnement et de sa relation à l’environnement n’est plus à proprement parler de nature visuelle, bien qu’elle soit déterminée par la vue, mais, relativement, de nature audio-tactile.
Je m’explique :
Lorsque je regarde, je me perçois à l’extérieur de ce que je regarde – depuis un point de vue; mais, au contraire, lorsque je vois, je me perçois à l’intérieur de ce que je vois.
Regarder particularise, détache l’observateur de l’objet observé; voir généralise, globalise, rattache l’observateur à l’environnement.
Voir est, par rapport à regarder, comme entendre, par rapport à écouter.
Je suis à l’intérieur de ce que j’entends. Je participe de ce que j’entends. De même, je suis à l’intérieur de ce que je vois. Je participe de ce que je vois.
Or, dans la mesure où, dans l’expérience de voir, l’oeil n’est plus actif mais devient passif, où l’attention elle-même n’est plus active mais passive, où l’observateur ne se perçoit plus à l’extérieur mais à l’intérieur de l’environnement, l’expérience visuelle s’apparente alors à l’expérience audio-tactile. Et c’est pourquoi d’ailleurs il suffit de passer de l’attention active à l’attention passive pour qu’il soit relativement facile de prendre conscience de son corps dans l’environnement, de sa présence ici et maintenant – de devenir conscient d’être.

(...)

Une technique de rappel à soi
Cela nous amène aux  techniques de rappel à soi de George I. Gurdjieff, qui visent à éveiller la conscience d’être. Car nous sommes rarement conscients de nous-mêmes. Le plus souvent, nous nous définissons au niveau de la conscience ordinaire, sans être conscients d’être.
Aux techniques de rappel à soi qu’on trouve d’ailleurs non seulement chez Gurdjieff mais, comme je devais aussi le découvrir, dans d’autres écoles de sagesse, je suggère d’ajouter celle que j’ai tenté de définir dans cet exposé.
En résumé, cette technique peut se ramener à la formule que j’ai proposée au début : dissocier l’attention de la vision restreinte de la fovea (regarder) et l’investir dans le champ élargi de la vision périphérique (voir).
J’estime, pour en avoir souvent fait l’expérience, qu’elle est d’une très grande efficacité... à propos d’efficacité, il est peut-être utile que je parle brièvement, en terminant, du rôle de la respiration. Je suggère, au moment d’élargir l’attention à la vision périphérique, d’inspirer lentement, puis d’expirer plus rapidement. L’inspiration favorise la concentration, alors que l’expiration entraîne souvent une diffusion de l’attention. Comme en témoigne un des principes de la lecture rapide : on retient mieux... ce qu’on inspire! C’est la raison, du moins je le suppose, pour laquelle, dans certaines pratiques méditatives, celle de zazen en particulier, on demande de mettre plutôt l’accent sur l’expiration – afin sans doute de compenser la tendance à la diffusion de l’attention, parvenant ainsi à une concentration plus égale. Mais il demeure que chaque fois qu’on a du mal à concentrer son attention, il faut s’appuyer sur l’inspiration, le temps de reprendre le contrôle de la concentration, pour ensuite s’appuyer au contraire sur l’expiration, ce qui rend la concentration plus stable.
Voir, c’est la technique de méditation que j’associe plus particulièrement à la marche, mais qui trouve aussi à s’appliquer à peu près à toutes les situations de la vie.

www.radio-canada.ca

2 février 2012

ici et maintenant

Vivre en pleine conscience, c'est être vraiment là, pleinement vivant ici et maintenant. C'est la capacité de vivre profondément chaque instant de notre vie quotidienne. La méditation ne se pratique pas seulement dans la salle de méditation, mais aussi dans la cuisine, au jardin, au téléphone, au volant d'une voiture, en faisant la vaisselle...Il y a pleine conscience chaque fois que le corps et l'esprit sont réunis. Notre vraie demeure est ici et maintenant.

Thich Nhat Hanh, extrait de la revue Terre du ciel n°65

Chaque instant de votre vie peut servir à pratiquer la pleine conscience. Que vous soyez à attendre votre repas ou à faire la queue pour l'appel, vous pouvez respirer en toute conscience ou pratiquer la technique du sourire. Veillez à ne pas gaspiller aucun instant de votre vie, toute minute qui passe pouvant être utilisée pour cultiver la solidité, la paix ou la joie. Après seulement quelques jours de pratique de la pleine conscience, votre entourage retirera un certain bien-être de votre présence - ce dont vous vous rendrez compte. Votre présence ici peut être celle d'un bodhisattva, d'un saint. Cela est du domaine du possible.

La pratique de la pleine conscience consiste à nous relier aux éléments merveilleux qui sont en nous, qui nous régénèrent et nous guérissent. Sans la pleine conscience, nous avons tendance à laisser pénétrer en nous des éléments nocifs à nos organismes et à notre esprit. Le Bouddha a dit que rien ne peut subsister sans nourriture. La joie ne peut subsister sans nourriture, pas plus que la tristesse ou le désespoir. Si le désespoir est en nous, c'est parce que nous lui procurons une nourriture qui lui profite. Pour lutter contre la dépression, le Bouddha recommande de poser sur elle un regard scrutateur afin de pouvoir distinguer les différentes nourritures qu'on lui procure. Dès que vous avez identifié une source particulière de nourriture, coupez-vous en. Après seulement une ou deux semaines vous constaterez que votre dépression s'est évanouie.

Thich Nhat Hanh, extraits de Soyez libre là où vous êtes, Editions Dangles, 2003

29 janvier 2012

Anti-stress

Êtes-vous stressé ? Êtes-vous si pressé d'arriver au futur que le présent n'est plus qu'un moyen d'y parvenir ? Le stress survient quand on est "ici" tout en voulant être "là-bas", c'est à dire quand on est dans le présent tout en voulant être dans le futur. C'est une fêlure qui vous déchire de l'intérieur. Créer et vivre cette fêlure interne est malsain. Et le fait que tout le monde soit concerné n'y change rien.

Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent

28 janvier 2012

Moi et les autres

Bien que nous soyons si nombreux sur cette terre, chacun de nous ne voit que lui-même. Nous dépendons des autres pour nous nourrir, nous vêtir, trouver une place dans la société, devenir célèbre, et pourtant nous considérons comme des ennemis ces gens auxquels nous sommes si étroitement lié. Est-ce qu’il n’y a pas là une étonnante contradiction ?

Sa Sainteté Le Dalaï Lama

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12 janvier 2012

Absolument TOUT, chaque chose, chaque créature,

Absolument TOUT, chaque chose, chaque créature, est une possibilité de rencontre et de "reconnais­sance" avec la Grande Vie Universelle.
De plus en plus j'approfondis ma démarche dans ce qui est devenu pour moi une formule de vie: ne vouloir que ce que je peux réaliser, mais le vouloir totalement. Ainsi je sens que je suis au service de la vie et non l'inverse. J'en manifeste une infime facette. Je ne suis que cela, et c'est extraordinaire. En fait, il n'y a jamais eu de Moi personnel, ce fut une illusion qui a pris naissance à l'éveil de mes facultés mentales et qui s'est renforcée par imitation de mon environnement familial. Le langage l'a consolidée et institutionnalisée.
(...)
La Vie fait son apprentissage dans les créatures. Elle apprend à s'éveiller à travers les humains. Elle
est l'intensité et l'urgence de l'Attention.
(...)
Alors, la mort ? La mort de qui ? La mort de Jeanne ? Mais Jeanne n'a jamais eu de vie propre. La Vie animait un personnage psychosomatique qui se nommait Jeanne... Alors? Mourir à "ma" vie pour
renaître à la VIE, c'est cela, vaincre la mort, c'est cela, le Grand Passage.

Jeanne Guesné, "le 3e souffle"

6 janvier 2012

"La réalité est divinement indifférente, Richard.

"La réalité est divinement indifférente, Richard. Une mère ne se soucie pas du rôle que tient son enfant au cours de ses jeux ; un jour voleur, le lendemain gendarme. L'Etre ne sait même rien de nos illusions et de nos amusettes. Il ne connaît que lui-même et nous à Son image, parfaits, achevé.

Richard Bach (Illusions ou le messie récalcitrant)

3 janvier 2012

L'intention

Il existe dans l'univers une force incommensurable et indescriptible. Cette force, les chamans l'appellent l'Intention, et absolument tout ce qui existe dans l'univers est relié à l'Intention.

(...)

La connaissance silencieuse est quelque chose que nous portons tous en nous. Une force qui maîtrise et connaît toute chose. Mais cette force ne pense pas, et par conséquent, elle ne peut nous dire ce qu'elle sait... L'Homme a abandonné la connaissance silencieuse pour le monde de la raison. Et plus il s'accroche au monde de la raison, plus l'intention de vient éphémère.

Carlos Castaneda : La force du silence

15 décembre 2011

Parole de Nobel

"Ayant consacré toute ma vie à la plus rationnelle des sciences, à l'étude de la matière, je peux vous dire que les résultats de mes recherches m'ont conduit à cette conclusion : il n'y a pas de matière en tant que telle ! Toute matière ne tire son origine et n'existe qu'en vertu d'une force qui fait vibrer le particules de l'atome et maintient ensemble ce petit système solaire miniature... Nous devons donc supposer qu'il existe derrière cette force un esprit conscient et intelligent. Cet esprit est la matrice de toute matière."

Max Planck, prix nobel de physique

7 décembre 2011

Je dormis et rêvai que la vie était la joie Je

Je dormis et rêvai que la vie était la joie

Je m'éveillai et vis que la vie était servir

Je servis et je vis que servir était la joie

Rabindranath Tagore

6 novembre 2011

Fils des étoiles, frères des dauphins

La physique moderne a non seulement démontré l’interdépendance du monde des particules et de l’univers, mais elle a aussi mis en évidence l’intime connexion de l’homme avec le cosmos. Nous savons aujourd’hui que nous sommes tous faits d’atomes fabriqués lors de l’explosion primordiale d’abord, et lors de l’alchimie nucléaire des étoiles ensuite. Les atomes d’hydrogène et d’hélium qui constituent 98 % de la masse totale de la matière ordinaire dans l’univers ont été générés pendant les trois premières minutes de son existence. Les atomes d’hydrogène dans l’eau des océans ou dans notre corps proviennent tous de cette soupe primordiale. Nous partageons tous une même généalogie cosmique qui remonte a 13,7 milliards d’années, l’âge de l’univers. Quant aux éléments lourds essentiels à la complexité et à l’émergence de la vie et de la conscience, et qui constituent les 2 % restants, ils ont été fabriques dans les creusets stellaires et les supernovae, morts explosives d’ étoiles massives.

Nous sommes tous faits de poussières d’étoiles. Frères des bêtes sauvages et cousins des fleurs des champs, nous portons tous en nous l’histoire cosmique. Le simple fait de respirer nous relie à tous les êtres qui ont vécu sur le globe. Par exemple, nous inhalons encore aujourd’hui des millions de noyaux d’atomes partis en fumée lors du supplice de Jeanne d’Arc en 1431, et quelques molécules provenant du dernier souffle de Jules César. Les milliards de molécules d’oxygène que nous inhalons avec chaque bouffée d’air ont été un jour ou l’autre dans les poumons de chacun des cinquante milliards d’individus ayant vécu sur Terre. Quand un organisme vivant meurt et se décompose, ses atomes sont libérés dans l’ environnement, puis intégrés dans d’autres organismes. Nos corps contiennent ainsi environ un milliard d’atomes qui ont appartenu à l’arbre sous lequel le Bouddha a atteint l’Eveil... il y a quelque deux mille cinq cents ans.

Autre interconnexion découverte par la science : nous sommes tous liés les uns aux autres génétiquement. Nous descendons tous de l’Homo habilis apparu en Afrique il y a environ un million huit cent mille ans, quelles que soient notre ethnie et notre couleur de peau. En remontant assez loin dans le temps, nous devenons tous des cousins éloignes. Plus étonnant encore : le décodage du génome de l’homme et d’ autres espèces vivantes nous révèle que cette convergence d’arbres généalogiques ne concerne pas seulement l’espèce humaine, mais également toutes les autres. Par exemple, nous partageons 99,5 % de nos gènes avec les chimpanzés, ce qui implique que nous descendons tous d’un ancêtre commun et que si nous pouvions remonter assez loin dans l’arbre généalogique des chimpanzés, nous verrions qu’il se confondrait inévitablement avec le notre à un moment donné. Ce qui est vrai pour les chimpanzés l’est aussi pour tous les autres organismes vivants, des dauphins aux rossignols, en passant par les cigales, les grands chênes, les champignons, ou les roses. Nos arbres généalogiques se rejoignent inéluctablement, tôt ou tard, pour ne former qu’un seul et unique arbre - celui de la vie.

Trinh Xuan Thuan, Le Cosmos et le Lotus

 
6 novembre 2011

Comment se libérer du mental

Lorsque quelqu’un va chez le médecin et lui dit qu’il entend des voix, celui-ci l’enverra fort probablement consulter un psychiatre. Le fait est que, de façon très similaire, presque tout le monde entend en permanence une ou plusieurs voix dans sa tête et qu’il s’agit du phénomène involontaire de la pensée que vous ne réalisez pas avoir le pouvoir d’arrêter. Ce ne sont que monologues ou dialogues continuels.

Il vous est certainement déjà arrivé de croiser dans la rue des déments qui parlent sans arrêt tout haut ou tout bas. En réalité, ce n’est pas très différent de ce que vous et tous les gens « normaux » faites, sauf que vous le faites en silence. La voix passe des commentaires, fait des spéculations, émet des jugements, compare, se plaint, aime, n’aime pas, et ainsi de suite. Ce que cette voix énonce ne correspond pas automatiquement à la situation dans laquelle vous vous trouvez dans le moment. Elle ravive peut-être un passé proche ou lointain ou bien alors imagine et rejoue d’éventuelles situations futures. Dans ces moments-là, la voix imagine souvent que les choses tournent mal et envisage des résultats négatifs. C’est ce que l’on appelle l’inquiétude. Cette bande sonore s’accompagne parfois d’images visuelles ou de « films mentaux ». Et même si ce que la voix dit correspond à la situation du moment, elle l’interprétera en fonction du passé. Pourquoi ? Parce que cette voix appartient au conditionnement mental, qui est le fruit de toute votre histoire personnelle et celui de l’état d’esprit collectif et culturel dont vous avez hérité. Ainsi, vous voyez et jugez dorénavant le présent à travers les yeux du passé et vous en avez une vision totalement déformée. Il est fréquent que, chez une personne, cette voix intérieure soit son pire ennemi. Nombreux sont les gens qui vivent avec un bourreau dans leur tête qui les attaque et les punit sans cesse, leur siphonnant ainsi leur énergie vitale. Ce tyran est à l’origine des innombrables tourments et malheurs, ainsi que de toute maladie.
Mais la bonne nouvelle dans tout cela, c’est que vous pouvez effectivement vous libérer du mental. Et c’est là la seule véritable libération. Vous pouvez même commencer dès maintenant. Écoutez aussi souvent que possible cette voix. Prêtez particulièrement attention aux schémas de pensée répétitifs, à ces vieux disques qui jouent et rejouent les mêmes chansons peut-être depuis des années. C’est ce que j’entends quand je vous suggère « d’observer le penseur ». C’est une autre façon de vous dire d’écouter cette voix dans votre tête, d’être la présence qui joue le rôle de témoin.
Lorsque vous écoutez cette voix, faites-le objectivement, c’est-à-dire sans juger. Ne condamnez pas ce que vous entendez, car si vous le faites, cela signifie que cette même voix est revenue par la porte de service. Vous prendrez bientôt conscience qu’il y a la voix et qu’il y a quelqu’un qui l’écoute et qui l’observe. Cette prise de conscience que quelqu’un surveille, ce sens de votre propre présence, n’est pas une pensée. Cette réalisation trouve son origine au-delà du « mental ».
Ainsi, quand vous observez une pensée, vous êtes non seulement conscient de celle-ci, mais aussi de vous-même en tant que témoin de la pensée. À ce moment-là, une nouvelle dimension entre en jeu. Pendant que vous observez cette pensée, vous sentez pour ainsi dire une présence, votre moi profond, derrière elle ou sous elle. Elle perd alors son pouvoir sur vous et bat rapidement en retraite du fait que, en ne vous identifiant plus à elle, vous n’alimentez plus le mental. Ceci est le début de la fin de la pensée involontaire et compulsive.
Lorsqu’une pensée s’efface, il se produit une discontinuité dans le flux mental, un intervalle de « non-mental ». Au début, ces hiatus seront courts, peut-être de quelques secondes, mais ils deviendront peu à peu de plus en plus longs. Lorsque ces décalages dans la pensée se produisent, vous ressentez un certain calme et une certaine paix. C’est le début de votre état naturel de fusion consciente avec l’Être qui est, généralement, obscurcie par le mental. Avec le temps et l’expérience, la sensation de calme et de paix s’approfondira et se poursuivra ainsi sans fin. Vous sentirez également une joie délicate émaner du plus profond de vous, celle de l’Être.
Il ne s’agit pas du tout d’un état de transe, car il n’y a aucune perte de conscience. Bien au contraire. Si la paix devait se payer par une réduction de la conscience et le calme, par un manque de vitalité et de vigilance, elle n’en vaudrait pas la peine. Dans cet état d’unité avec l’Être, vous êtes beaucoup plus alerte, beaucoup plus éveillé que dans l’état d’identification au mental. Vous êtes en fait totalement présent. Et cette condition élève les fréquences vibratoires du champ énergétique qui transmet la vie au corps physique.
Lorsque vous pénétrez de plus en plus profondément dans cet état de vide mental ou de « non-mental », comme on le nomme parfois en Orient, vous atteignez la conscience pure. Et dans cette situation, vous ressentez votre propre présence avec une intensité et une joie telles que toute pensée, toute émotion, votre corps physique ainsi que le monde extérieur deviennent activement insignifiants en comparaison. Cependant, il ne s’agit pas d’un état d’égoïsme mais plutôt d’un état d’absence d’ego. Vous êtes transporté au-delà de ce que vous preniez auparavant pour « votre moi ». Cette présence, c’est vous en essence, mais c’est en même temps quelque chose d’inconcevablement plus vaste que vous. Ce que j’essaie de transmettre dans cette explication peut sembler paradoxal ou même contradictoire, mais je ne peux l’exprimer d’aucune autre façon.

Au lieu « d’observer le penseur », vous pouvez également créer un hiatus dans le mental en reportant simplement toute votre attention sur le moment présent. Devenez juste intensément conscient de cet instant. Vous en tirerez une profonde satisfaction. De cette façon, vous écartez la conscience de l’activité mentale et créez un vide mental où vous devenez extrêmement vigilant et conscient mais où vous ne pensez pas. Ceci est l’essence même de la méditation.
Dans votre vie quotidienne, vous pouvez vous y exercer durant n’importe quelle activité routinière, qui n’est normalement qu’un moyen d’activer à une fin, en lui accordant votre totale attention afin qu’elle devienne une fin en soi. Par exemple, chaque fois que vous montez ou descendez une volée de marches chez vous ou au travail, portez attention à chacune des marches, à chaque mouvement et même à votre respiration. Soyez totalement présent. Ou bien lorsque vous vous lavez les mains, prenez plaisir à toutes les perceptions sensuelles qui accompagnent ce geste : le bruit et la sensation de l’eau sur la peau, le mouvement de vos mains, l’odeur du savon, ainsi de suite. Ou bien encore, une fois monté dans votre voiture et la portière fermée, faites une pause de quelques secondes pour observer le mouvement de votre respiration. Remarquez la silencieuse mais puissante sensation de présence qui se manifeste en vous. Un critère certain vous permet d’évaluer si vous réussissez ou non dans cette entreprise : le degré de paix que vous ressentez alors intérieurement.

Ainsi, le seul pas crucial à faire dans le périple qui conduit à l’éveil est d’apprendre à se dissocier du mental. Chaque fois que vous créez une discontinuité dans le courant des pensées, la lumière de la conscience s’intensifie. Il se peut même que vous vous surpreniez un jour à sourire en entendant la voix qui parle dans votre tête, comme vous souririez devant les pitreries d’un enfant. Ceci veut dire que vous ne prenez plus autant au sérieux le contenu de votre mental et que le sens que vous avez de votre moi n’en dépend pas.

Eckhart Tolle  Le pouvoir du moment présent

http://www.eckharttolle.fr/

30 octobre 2011

Interconnectés

Pour le bouddhisme, le monde est comme un vaste flux d’événements reliés les uns aux autres et participant tous les uns des autres. La façon dont nous percevons ce flux en cristallise certains aspects de manière purement illusoire et nous fait croire qu’il s’agit d’entités autonomes dont nous sommes entièrement séparés. Le bouddhisme ne nie pas la vérité conventionnelle, celle que l’homme ordinaire voit ou que Ie savant détecte. II ne conteste pas les lois de cause à effet, ou les lois physiques et mathématiques. Il affirme simplement que, fondamentalement, il y a une différence entre la façon dont le monde nous apparaît et sa nature ultime. Ainsi, lorsque nous regardons une pomme, nous remarquons sa localisation, sa forme, sa taille ou la couleur de sa peau. L’ensemble de ces propriétés constituent la désignation « pomme ». Cette désignation est une construction mentale qui attribue une réalité en soi à la pomme. Mais lorsque nous analysons la pomme, issue de causes et de conditions multiples - le pommier qui l’a produite, la lumière du soleil et la pluie qui ont nourri ce dernier, la terre du verger où sont plantées ses racines, etc. -, nous sommes incapables d’isoler une identité autonome de la pomme. Ce qui ne veut pas dire que le bouddhisme prétende que la pomme n’existe pas, puisque nous en faisons l’expérience avec nos sens. Il ne prône pas une position nihiliste qui lui est souvent attribuée a tort. II affirme que cette existence n’est pas autonome mais purement interdépendante, évitant ainsi la position réaliste matérialiste. II adopte la voie médiane, ou « voie du milieu », selon laquelle un phénomène ne possède pas d’existence autonome sans être pour autant inexistant, et peut interagir et fonctionner selon les lois de la causalité. Selon le bouddhisme, donc, tout est interconnecté. De manière étonnante, des expériences scientifiques nous ont aussi contraints à dépasser nos notions habituelles de localisation dans l’espace. Elles nous ont amenés à conclure que l’univers possède bien un ordre global et indivisible, tant à l’échelle subatomique qu’à celle de l’infiniment grand.

Trinh Xuan Thuan, Le Cosmos et le Lotus

30 octobre 2011

Les mirages du réel

Trinh Xuan Thuan - J’adhère moi-même au point de vue de Heisen­berg. Je l’ai déjà dit, les expériences ont toujours donne raison à la mécanique quantique et elle n’a jamais été prise en défaut. Einstein faisait fausse route, et son réa­lisme matérialiste est intenable. D’après Bohr et Hei­senberg, quand nous parlons d’atomes ou d’électrons, nous ne devons pas imaginer des entités réelles existant par elles-mêmes, avec des propriétés bien définies comme la position ou la vitesse, et traçant des trajectoi­res elles aussi définies. Le concept d’« atome » n’est qu’un moyen commode pour relier en un schéma logi­que et cohérent diverses observations. Bohr parlait ainsi de l’impossibilité d’aller au-delà des faits et résul­tats des expériences et mesures : « Notre description de la nature n’a pas pour but de révéler l’essence réelle des phénomènes, mais simplement de découvrir autant que possible les relations entre les nombreux aspects de notre existence. »

Matthieu Ricard - Il rejoint François Jacob lorsque celui-ci affirme : « Il parait donc clair que la description de l’atome donnée par le physicien n’est pas le reflet exact et immuable d’une réalité dévoilée. C’est un modèle, une abstraction, le résultat de siècles d’efforts de physi­ciens qui se sont concentrés sur un petit groupe de phénomènes pour construire une représentation cohérente du monde. La description de l’atome parait être autant une création qu’une découverte. » Cela n’empêche pas la plupart des gens de s’imaginer les atomes comme des petites boules qu’ils pourraient saisir s’ils disposaient d’instruments suffisamment petits.

T. - Schrodinger nous met en garde contre une telle matérialisation de l’atome et de ses constituants : « Il vaut mieux ne pas regarder une particule comme une entité permanente, mais plutôt comme un événement instantané. Parfois ces événements forment des chaînes qui donnent l’illusion d’être des objets permanents. »

M. - Le cercle de feu créé devant nos yeux par la rotation rapide d’une torche n’est pas un « objet ». Le monde des phénomènes est constitué d’événements qui ne peuvent demeurer identiques à eux-mêmes pendant deux instants consécutifs, faute de quoi ils seraient figés pour toujours. Ces instants, étant ponctuels, n’ont pas de durée, et ces événements ne peuvent donc avoir d’existence propre. Rien ne permet donc d’affirmer qu’on connaîtra un jour l’ensemble des caractéristiques de l’événement « particule », car celui-ci nous apparaît de telle ou telle façon par Ie jeu de l’interdépendance, synonyme de « vide d’existence propre ».
Le point important, ici, est que les caractéristiques apparentes des phénomènes ne leur appartiennent pas en propre. Lorsqu’on dit, par exemple, que la masse équivaut à l’énergie et peut se transformer en elle, cela revient bien à exprimer que la masse n’ est pas une propriété indissociable de l’événement particule.

T. - Oui, la nature de la matière, comme celle de la lumière, n’est pas immuable. L’énergie peut être con­vertie en matière, comme cela se produit constamment dans les accélérateurs de particules. Cette énergie peut provenir d’une masse (d’après la fameuse formule d’Einstein E = mc2) ou d’un mouvement. Dans Ie der­nier cas, cela veut dire que la propriété d’un objet peut être convertie en objet. Inversement, la matière peut être convertie en énergie : c’est par exemple ce qui fait que le Soleil brille. C’est en convertissant une toute petite fraction de sa masse d’hydrogène (0,7 %) en lumière (des photons) que notre astre alimente et nour­rit la vie sur Terre.

Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan   L’infini dans la paume de la main

31 juillet 2011

Quand les atomes qui nous constituent sont-ils nés ?

Nous aurons beau tout faire pour paraître plus jeunes que notre âge, notre corps sera toujours bien plus vieux que nous ! Pour une raison imparable : derriere nos os, notre peau, nos organes, nos muscles et notre sang se cachent des atomes. Ceux au coeur de I'hydrogène, de I'oxygène, du carbone et de I'azote, les fameux composants « organiques », à la base de la vie sur Terre, qui représentent à eux seuls plus de 99 % de nos atomes et auxquels iI faut ajouter quelques cuillerées de sels mineraux, plus des pincées de fer, de chrome, de cuivre et d'autres métaux. Or, tous ces petits grains de matière composés d'un noyau de protons et de neutrons, cerclé d'un nuage d'électrons, ceux-Ià même dont nous sommes faits, existaient déjà du temps de Jules César ou même de I'homme de Cro-Magnon.
En fait, nous assimilons aujourd'hui des atomes qui existaient avant même que Ie Système solaire se forme ! Pour comprendre, iI faut savoir que la plupart des espèces d'atomes qui existent, du moins leurs noyaux, ont été formées iI y a plusieurs milliards d'années au coeur des étoiles. A partir des noyaux d'hydrogène, les étoiles forment des atomes de plus en plus lourds en les faisant fusionner entre eux. Après des millions, voire des milliards, d'années de ce travail de « nucléosynthèse stellaire », les étoiles meurent plus ou moins violemment, en répandant autour d'elles ces noyaux (et en engendrant des nébuleuses). Cette matière éparpillée dans I'espace par des générations d'étoiles ayant explosé (des supernovae) a formé Ie Soleil et la Terre. Autrement dit, nous devons la vie a la mort des étoiles ! Un jour, Ie Soleil mourra à son tour, répandant autour de lui les embryons d'une possible vie future. Et Ie cycle se poursuivra... Reste une question : d'où vient cet hydrogène « primordial », à partir duquel les étoiles ont formé les autres noyaux et qui constitue encore la majorité (90 %) des atomes qui existent ?

De fait, pour que tous ces noyaux d'hydrogène se soient formés en si grande quantité, iI a fallu qu'à un moment donné l'Univers entier ait été plus dense et plus chaud que Ie coeur des étoiles. Et cet « univers primordial » a une limite dans Ie temps, au-delà de laquelle les conditions de température et de pression sont si extrêmes que nos lois physiques ne sont plus valables : c'est Ie « big bang », moment daté à quelque 13,7 milliards d'années. C'est de là que viennent les atomes qui nous constituent. A peine une seconde après Ie big bang, les premiers noyaux d'hydrogène se sont formès à partir de la bouillie de particules qui remplissait alors l'Univers. Les briques fondamentales de nos atomes datent de cet instant. De sorte que notre corps a I'âge... du big bang !

Science & Vie, 200 questions de la vie, 200 réponses de la science (édition Solar)

 

30 juillet 2011

L'évolution ne conduit pas toujours à un progrès

La confusion est autant sémantique que scientifique. Non, l'évolution n'est pas une ascension directe vers la complexité et depuis 3,5 milliards d'années que la vie existe, les organismes ne sont pas devenus plus " évolués" au fil du temps. D'autant que la notion d'organisme "évolué" est complexe : méfions-nous des apparences, ce n'est pas parce qu'un chien se déplace et répond à un sifflement qu'il est plus complexe qu'un arbre, par exemple, qui lui, au moins, sait se nourrir à partir de lumière... S'il on veut vraiment bousculer cette idée reçue qui associe faussement la notion d'amélioration à celle d'évolution, il nous suffit d'ailleurs de considérer notre propre évolution, totalement régressive. Au lieu d'acquérir les caractéristiques de primates adultes - des canines en crocs, la face proéminente, un crâne allongé et un épais revêtement pileux -, l'être humain reste, sa vie durant, un adolescent. Tout cela par la faute de mutations dites néoténiques qui ralentissent son développement et auraient logiquement dû causer sa perte. Un "raté" de l'évolution dont on pourrait difficilement contester le franc succès.
H.R.

Science et Avenir, août 2011

27 juillet 2011

Les ancètres ultimes ?

La plus ancienne trace de vie date de 2,7 milliards d'années

Oui, les stromatolites, ces roches dont les plus anciennes datent de plusieurs milliards d'années, ont bien été formées par des micro-organismes. La preuve vient d'en être apportée par une équipe française, après une campagne de forage en Australie.

Mais qui ou quoi a donc fabriqué ces roches carbonatées en forme de choux-fleurs qu'on appelle des stromatolites (tapis de pierre, en grec) ? Ces roches originales ont longtemps intrigué les géologues. On en trouve en de nombreux endroits du globe, sous forme de roches anciennes, voire très anciennes : les stromatolites se formaient déjà il y a 3,5 milliards d'années. Aujourd'hui, les stromatolites récentes sont très rares et forment des récifs en eaux peu profondes et toujours chaudes.
L'origine biologique des stromatolites modernes ne fait pas de doute. Différents micro-organismes vivent à la surface de la pierre et provoquent la précipitation du bicarbonate (dissous dans l'eau) en carbonate de calcium (insoluble). Le mécanisme ressemble à celui découvert récemment pour les travertins. Parmi ces micro-organismes, on trouve des cyanobactéries, qui secrètent une substance gélatineuse recouvrant la roche. La pierre se forme ainsi petit à petit, les organismes vivants restant à sa surface. Au bout de quelques millions d'années, on obtient d'énormes massifs rocheux qui ont de quoi déconcerter un géologue...
Mais quid des vielles stromatolites ? La preuve formelle d'une minéralisation d'origine biologique n'avait été apportée que jusqu'à 350 millions d'années. Au-delà, mystère... Les plus anciennes stromatolites, dont l'âge se compte en milliards d'années, se sont formées dans des conditions très différentes. Y avait-il seulement des organismes vivants à cette époque ? L'observation morphologique ne permettait pas de trancher et un processus minéral avait même été modélisé. Nul besoin de bactéries pour expliquer les massifs anciens...
Une équipe de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP, CNRS/Université Paris 7) et de la Stanford University s'est attaquée au problème en étudiant de près des stromatolites récoltées lors du Pilbara Drilling Project, une campagne de forage menée par l'Institut national des sciences de l'Univers (INSU), l'IPGP et le Geological Survey of Western Australia. Les roches, extraites de la formation géologique Tumbiana, au nord-ouest de l'Australie, ont été datées à 2,724 milliards d'années.

stromatolites
Stromatolite fossile en dôme sur le site de forage de la formation de Tumbiana,
photographiée par l'équipe. © Kevin Lepot

L'aragonite, précieux témoin

Leur travail a consisté à analyser des globules de matière organique à l'aide d'un ensemble de techniques associant microscopie électronique et spectroscopie. Ce cocktail a permis d'effectuer à la fois une analyse fine des composants chimiques et d'en situer la position dans la roche avec une remarquable précision d'environ dix nanomètres. L'équipe (Pascal Philippot, Kevin Lepot, Karim Benzerara et Gordon E. Brown Jr) a déniché des nanocristaux d'aragonite à l'intérieur de ces globules. Or, cette forme de carbonate de calcium est très instable. Aujourd'hui, elle est fabriquée par des bactéries mais dès qu'elle est exposée à l'eau après la mort du micro-organisme, l'aragonite se transforme en calcite.
Pour les auteurs, dont les résultats sont publiés dans le numéro de février de la revue Nature Geoscience, il n'y a plus de doute. La minéralisation de ces stromatolites de 2,7 milliards d'années a bien été réalisée par des micro-organismes, ce qui repousse d'autant la date prouvée des premières manifestations de la vie. On peut donc regarder d'un autre œil les plus anciens stromatolites, formées il y a 3,5 milliards d'années...

Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
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stromatolites_shark_bay
Des stromatolites (toujours vivants) dans les eaux peu profondes de Shark Bay en Australie.
Voici 3.5 à 3.8 milliards d'années, malgré leur taille microscopique, ce sont ces colonies bactériennes qui ont apporté tout l'oxygène contenu dans les océans et ensuite dans l'atmosphère. Nous leur devons la vie.

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24 juillet 2011

L'atome tout-puissant

(...) Les atomes, en bref, sont innombrables.
Ils sont aussi remarquablement durables, et cette longévité leur permet de se faufiler absolument partout. Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d'organismes avant d'arriver jusqu'a vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu'un nombre significatif de nos atomes - jusqu'à un milliard pour chacun de nous, selon certains - a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha, Gengis Khan et Beethoven, ou toute autre figure historique de votre choix. (Il faut, semble-t-il, des personnages assez éloignés dans I'Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez, vous n'êtes pas encore recyclé en Elvis Presley.)
Nous sommes donc tous des réincarnations, mais très brèves. A notre mort, nos atomes vont se désassembler et chercher ailleurs de nouveaux usages - faire partie d'un autre être humain ou d'une goutte de rosée. Car les atomes, eux, sont pratiquement étemels.

(...)

Nous avons encore bien du mal à penser que les atomes sont essentiellement de l'espace vide, et que la sensation de solidité que nous inspire le monde autour de nous est pure illusion. Quand deux objets se rencontrent dans le monde réel - on prend en général l'image des boules de billard -, ils ne se frappent pas vraiment. En fait, explique Timothy Ferris, "les champs négatifs des deux boulent se repoussent [...] sans leurs charges électriques, elles pourraient, comme des galaxies, se traverser sans dommage". Quand vous vous posez sur une chaise, vous n'êtes pas réellement assis, vous lévitez au dessus à la hauteur d'un angström (un cent-millionième de centimètre), vos électrons et les siens s'opposant formellement à toute tentative d'intimité plus rapprochée.

Bill Bryson "Une histoire de tout, ou presque..." (Petite bibliothèque Payot)

apissenlit

23 juillet 2011

Hydrogène

Les étoiles brillent parce qu' elles transforment d'immenses quantités d'hydrogène en hélium. Notre Soleil, à lui seul, consomme 600 millions de tonnes d'hydrogène par seconde, qu'il convertit en 596 millions de tonnes d'helium. Imaginez un peu : 600 millions de tonnes par seconde! Et même la nuit ! .
Mais où partent les quatre millions de tonnes de différence par seconde ? lls sont convertis en énergie, selon la célèbre formule d'Einstein : E = mc2. Un peu plus de mille cinq cent quatre-vingt-sept grammes par seconde partent vers la Terre où ils vont créer la lumière de I'aube, la chaleur d'un après-midi d'été ou Ie flamboiement du crépuscule.
La consommation effr
énée d'hydrogène par Ie Soleil nous fait tous vivre, mais I'importance de cet élément pour la vie telle que nous la connaissons commence plus près de chez nous. L'hydrogene s'allie en effet à l'oxygène pour former les nuages, les océans, les lacs et les rivières. Il se combine au carbone, à I'azote et à I'oxygène pour former la chair et Ie sang de tous les êtres vivants.
L'hydrogène est Ie plus léger de tous les gaz - plus léger même que I'hélium - et il coûte beaucoup moins cher, d'où son emploi malencontreux dans les premiers aéronefs comme Ie Hindenburg. Vous avez sans doute entendu parler de cette tragédie - bien que, dans les faits, les passagers soient morts des suites de leur chute et non brûlés par I'hydrogène, moins dangereux à transporter dans un véhicule que de l'essence.
L'hydrogène est I'élément Ie plus abondant, Ie plus léger et Ie plus apprécié des physiciens parce qu'avec un seul proton et un seul electron, leurs formules de mécanique quantique fonctionnent à merveille. Dès que l'on passe à l'hélium (avec deux protons et deux électrons), les physiciens abandonnent Ie terrain aux chimistes.

Theodore Gray "Atomes" (Editions Place des Victoires)

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9782809901580_atomes

23 juillet 2011

Notre système solaire contient des centaines de planètes

Neuf planètes dans le système solaire ? C'est ce que plusieurs générations d'élèves ont appris, déployant des trésors d'ingéniosité mnémotechnique pour retenir dans le bon ordre Mercure, Venus, Terre, Mars, Jupiter, Satume, Uranus, Neptune et Pluton. Mais, pour être complet aujourd'hui, il faudrait y ajouter Cérès, Eris, Makemake, Haumea... et potentiellement deux cents autres planètes naines qui restent à découvrir! Depuis les années 2000, de nombreux objets tournant autour du Soleil ont en effet été découverts, dont certains sont encore plus gros que Pluton. Ce qui a conduit l'Union astronomique intemationale, en 2006, à supprimer à cette petite dernière son grade de "planète". Désormais, pour se nommer ainsi, un objet doit non seulement toumer autour du Soleil et avoir une forme sphérique, mais aussi avoir fait le ménage sur son orbite. Or, Pluton était la seule des neuf soeurs à nager au milieu d'autres petits corps, ceux de la ceinture de Kuiper. Il ne reste donc que huit planètes. En contrepartie, une nouvelle famille a été créée : celle des planètes "naines", qui se distinguent des asteroïdes par leur forme sphérique. Et elles promettent d'être nombreuses !
Car, si la première ceinture d'astéroïdes du système solaire, située entre Mars et Jupiter, n'abrite qu'une planète naine (Cérès) parmi 475000 astéroides, la seconde, celle de Kuiper, recèle probablement des surprises. Sombre et lointaine (trente fois plus loin du Soleil que la Terre), elle reste difficile à observer. Or, "elle contiendrait des milliers d'objets de plus de 100 kilomètres de long et certainement de nombreuses planètes naines!", pense Timothy Spahr, directeur du Minor Planet Center. Ce n'est pas tout: certains chercheurs lorgnent déjà vers le nuage d'Oort, une gigantesque sphère qui engloberait le systeme solaire, où des objets pourraient atteindre la taille de Mars !
B.R.

Science & Vie n°1115 - Août 2010

 

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